Homélie pour le deuxième Dimanche de Carême
Année A

Gn 12, 1-4a - 2 Tm 1, 8b-10 - Mt 17, 1-9

par le Chanoine Dr. Daniel Meynen


La Transfiguration



Gn 12, 1-4a


Gn 12, 1, Le Seigneur dit à Abram : «Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, et va dans le pays que je te montrerai. 2, Je ferai de toi une grande nation ; je te bénirai, je magnifierai ton nom et tu seras une source de bénédiction. 3, Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; toutes les familles de la terre seront bénies en toi.» 4, Abram s'en alla comme le Seigneur le lui avait dit, et Lot partit avec lui.


Chaque année, le deuxième dimanche de Carême est consacré à honorer le Mystère de la Transfiguration du Seigneur. La première lecture de ce jour relate l'appel, la vocation d'Abram, qui s'appellera plus tard Abraham (cf. Gn 17, 5). Dieu vient appeler Abram à sortir de sa terre, afin de devenir le père spirituel d'une grande nation, celle des Fils et des Filles de Dieu ! Aujourd'hui, grâce à notre vocation de chrétiens, vocation qui s'enracine dans notre baptême, nous sommes les membres de cette grande nation promise par Dieu à Abram !


Nous pouvons être tentés de passer toute notre vie à la recherche d'un certain bonheur, que nous pensons trouver sur la terre. Si nous vivons de la sorte, je crains fort que ce ne soit le malheur qui nous attende, et non le bonheur... Car le bonheur, s'il existe sur la terre, n'est qu'éphémère. Or, notre coeur est trop grand pour se rassasier de tout ce qui ne dure pas : notre coeur est à l'image de Dieu, notre coeur ne peut être comblé que par le bonheur du Ciel, le bonheur éternel de Dieu même !


C'est pourquoi, fort de la grâce de Dieu qui l'appelle, Abram sort de lui-même, il quitte son pays, il abandonne son père, pour répondre à l'appel de Dieu : Abram devient ainsi un homme, un vrai homme, selon le Coeur de Dieu ! Chacun de nous, hommes ou femmes, nous pouvons rester à notre simple niveau humain, nous pouvons faire fi de l'appel de Dieu. Mais nous pouvons aussi prêter l'oreille à ce doux murmure de la Parole de Dieu, qui nous appelle à devenir, non seulement homme, mais aussi Fils adoptifs de Dieu !


Il y a deux niveaux dans la vie : la vie naturelle, et la vie surnaturelle. Rien ne nous oblige à vivre de la vie surnaturelle. Car c'est une vie d'amour, d'Amour de Dieu et des hommes. Or, l'amour est libre, il n'est pas contraint. Regardons un peu où est notre coeur, vers qui ou vers quoi penche-t-il le plus ? Demandons à la Vierge Marie de dérégler un peu notre balance, afin que notre coeur penche plutôt vers cette vie surnaturelle, celle qui mène au Ciel et détourne de l'enfer !



2 Tm 1, 8b-10


2 Tm 1, 8b, Fort de la puissance de Dieu, souffre avec moi pour l'Évangile. 9, Dieu nous a sauvés ; il nous a donné une vocation de sainteté, non à cause de nos oeuvres, mais en vertu de son propre dessein, de la grâce qui, dès avant les temps éternels, nous est donnée dans le Christ Jésus, 10, et qui maintenant s'est manifestée dans l'apparition de notre Sauveur le Christ Jésus. C'est lui qui a réduit la mort et qui a mis en lumière la vie et l'immortalité par l'Évangile.


Saint Paul s'adresse aujourd'hui à son cher disciple Timothée. L'Apôtre est en prison ; bientôt il sera décapité. On comprend alors pourquoi il écrit : "souffre avec moi pour l'Évangile". Cette parole peut sembler dure à nos pauvres oreilles du XXIème siècle... Aujourd'hui, si quelqu'un souffre, il demandera qu'on lui donne une médecine qui le soulage. Il aura raison. Mais dans certains cas, il vaut mieux souffrir. Car il s'agit là d'une souffrance salvifique ! Saint Paul n'invite pas Timothée à souffrir n'importe comment ; il précise que la grâce de Dieu l'appelle à se donner sans réserve à l'Amour de Dieu : "Fort de la puissance de Dieu, souffre avec moi pour l'Évangile." Avec Paul, si nous voulons un jour participer du bonheur de Dieu dans le Ciel, prenons une petite part des souffrances du Christ, qui, une fois pour toutes, a souffert dans son propre corps, mais qui continue de souffrir dans son Corps mystique sur la terre...



Mt 17, 1-9


Mt 17, 1, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et les conduisit à l'écart sur une haute montagne. 2, Et il fut transfiguré devant eux : son visage prit l'éclat du soleil, ses vêtements devinrent lumineux de blancheur. 3, Et voici que Moïse et Elie leur apparurent s'entretenant avec lui. 4, Pierre prit alors la parole : «Seigneur, dit-il, c'est heureux que nous soyons ici ; veux-tu, je vais faire trois abris, un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie.» 5, Il parlait encore qu'une nuée lumineuse les vint couvrir ; et de cette nuée une voix disait : «Voici mon Fils bien-aimé ; j'ai mis en lui toute mon affection : écoutez-le.» 6, A ces mots, les disciples tombèrent face contre terre, saisis d'effroi. 7, Mais Jésus s'approcha d'eux, les toucha et leur dit : «Levez-vous, n'ayez pas peur.» 8, Ils levèrent les yeux et ne virent plus que Jésus seul. 9, Pendant qu'ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense : «Vous ne raconterez à personne ce que vous venez de voir, avant que le Fils de l'Homme ne soit ressuscité des morts.»


La Transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor montre, à tous ceux qui veulent bien y croire, que Jésus est tout à la fois vrai Dieu et vrai Homme. Car la divinité de Jésus transparaît à travers son humanité. C'est ce que Saint Matthieu décrit en disant que "son visage prit l'éclat du soleil" (Mt 17, 2). Le visage, et donc la tête, est bien la partie du corps qui commande en Jésus, et qui, surtout, sert à exprimer en paroles humaines le Verbe de Vie qu'il est en tant que Fils de Dieu : la tête, et le visage de Jésus, est ce par quoi la Parole de Dieu est manifestée aux hommes.


Il est donc tout à fait convenable que le Père, Principe même de toute la divinité, intervienne alors pour dire, de son Fils Jésus : "Voici mon Fils bien-aimé ; j'ai mis en lui toute mon affection : écoutez-le." (Mt 17, 5) Comme Abram, comme la Très Sainte Vierge Marie, comme tous les saints du Ciel, écoutons Jésus qui nous appelle, dans l'Esprit-Saint ! Ne vivons plus uniquement de la vie de la terre, mais vivons aussi, grâce à Dieu, de la Vie du Ciel !



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Homélies supplémentaires sur l'évangile de ce dimanche :

http://meynen.homily-service.net/an99/a2dimcar.htm
http://meynen.homily-service.net/an2002/a2dimcar.htm
http://meynen.homily-service.net/an2005/a2dimcar.htm